Profession free-lance, épisode 1

NB : À travers cette série d’articles, je vais tenter de dresser le portrait de mon travail de free-lance ( réflexion en amont, statut choisi, organisation au jour le jour, etc.). Je ne me base que sur mon expérience propre, il s’agit d’un parcours parmi des milliers d’autres possibles… mais j’espère qu’il pourra être porteur de pistes ou d’idées, et que certains parmi vous y trouveront des ressources :).

Episode 1 : la réflexion en amont !

Vraiment, en regardant dix ans en arrière, rien ne me prédisposait à gagner ma vie comme free-lance !

Et pourtant, aujourd’hui c’est le cas, et j’en vis à temps plein depuis deux ans. Je fais un travail qui me comble, je me sens utile, je rencontre des gens passionnants à chaque prestation, et j’aménage mon temps de travail selon mes choix et mon mode de vie.

Ça semble être le travail rêvé !

Mais cela a été le fruit d’une lente évolution, et peut-être avant tout parce qu’il a fallu que je combatte des “croyances limitantes” bien ancrées chez moi :

-Je n’y connais rien/ c’est compliqué… et puis toute cette paperasserie !

-Je ne pourrais jamais gagner assez d’argent pour vivre avec le dessin/ les commandes, etc.

-Le salariat ça a plein de bon côté, et puis c’est rassurant…

-Est-ce que j’arriverais à travailler seule, chez moi ?

Bref, on se trouve toujours de bonnes excuses pour ne pas sortir de sa zone de confort :)… et puis, ma formation en “Technicienne du Cinéma d’Animation” à l’EMCA d’Angoulême m’avait apporté un très bon bagage technique ( j’étais apte à intégrer un studio d’animation, à toutes les étapes de production d’un film), mais pas un mot sur “comment se mettre à son compte” dans toute cette formation ( notions de droit d’auteur, de comptabilité, de statut… rien).

J’espère réellement que les choses ont changé depuis cette époque. Il est primordial que les formations techniques et artistiques prennent aujourd’hui en compte le fait que leurs élèves peuvent, un jour ou l’autre dans leur vie professionnelle, travailler en free-lance. Avoir des notions élémentaires de base, ou tout au moins des pistes de lecture, des conseils, des ressources, peut leur faire gagner un temps précieux !

Le déclic :

Mon déclic professionnel est étroitement lié à mon histoire personnelle. Après quelques années à travailler sur diverses productions, avec un statut d’intermittente du spectacle, j’ai dû m’installer, pour des raisons familiales, dans une région dépourvue de tout studio d’animation. Ceux-ci n’ayant – toujours pas à l’heure actuelle – intégré le télé-travail dans leur mode de fonctionnement, il m’a fallut me réinventer un travail sur place, dans une nouvelle région, sans aucun contact pro. Or, je ne savais faire qu’une seule chose… dessiner !

Un choix s’est alors rapidement imposé à moi : trouver un emploi “alimentaire” pour “faire bouillir la marmite”, comme on le dit si prosaïquement… ou se lancer, et essayer de vivre du dessin en free-lance. Heureusement, je bénéficiais encore, à ce moment-là, de mon chômage, et, n’ayant rien à perdre, je me suis décidée à tenter l’aventure… Après tout, mieux vaut tenter de réaliser son rêve, quitte à se rendre compte qu’il n’est pas réaliste, plutôt que de passer sa vie à regretter et à se dire “si j’avais essayé…”, non ?

Et puis, étrangement, dès lors que j’ai pris cette décision, les choses se sont déroulées d’elles-même… Alors que la comptabilité et la gestion me rebutaient au plus haut point, j’ai pu trouver en quelques semaines un statut sous lequel exercer, en free-lance, et qui me déchargeait de tous ces poids, tout en correspondant à mon éthique personnelle… je vous en parlerai lors d’un prochain chapitre sur les “statuts” !

Se lancer !

Se mettre à son compte est une expérience de vie extrêmement formatrice, mais pour cette raison, ce choix doit justement être mûrement réfléchi, et ne doit pas être subi. De même, si certains étudiants envisagent de se mettre à leur compte tout de suite après leurs études, il me semble qu’une première expérience en entreprise est tout de même très utile, pour au moins 3 raisons :

  • On peut comparer : si on n’a pas été, au moins une fois, salarié, on n’a pas de base de comparaison avec le free-lancing. On ne peut que supposer, se faire des idées et avoir des a-priori. Se lancer en free-lance en se disant qu’on sera plus libre qu’en étant salarié est une fausse bonne idée : en tant qu’indépendant, vous êtes à la fois votre patron, salarié, commercial…
  • Cela assoit les bases de son travail : réaliser un travail d’étude, entouré de professeurs ou de tuteurs, dans le cadre sécurisé d’une formation ou d’un stage, est bien différent que de fournir un travail au sein d’une entreprise, d’un studio de communication ou d’une boîte de pub ! En entreprise on a des budgets, des clients, des quotas à respecter et des process internes à assimiler. Vous allez apprendre à devenir efficace, à travailler plus vite, et à communiquer sur votre avancement… autant de pratiques qui vous seront indispensables dans votre activité de free-lance!
  • Enfin, une grande partie de votre réussite, en tant qu’indépendant, va être basée sur votre capacité à établir des relations saines et équilibrées avec vos clients, votre réseau, etc., bref, tout ce qui entre dans la sphère des “rapports professionnels”, bien loin des seuls rapports scolaires ou familiaux qu’auront connus les étudiants qui se lancent sans expérience professionnelle préalable…

Aujourd’hui, je n’ai pas peur d’affirmer que la décision de m’établir en tant que free-lance a été une des plus importantes de ma vie, et m’a tellement transformée ( en terme de confiance en moi, d’épanouissement personnel et professionnel, d’autonomie…) que j’aurais bien du mal à me convaincre de reprendre un travail salarié, qui me semblerait trop “frustrant”…

Enfin, si vous m’avez lue jusque là, c’est que vous mûrissez peut-être déjà le projet de vous lancer ? Si tel est le cas, je ne peux que vous recommander chaudement le livre de Julien Moya : Profession Indépendant . Cet ouvrage est une mine d’informations, et sans doute le livre le plus documenté et le plus en lien avec la réalité du terrain que j’ai pu lire ( et aujourd’hui, avec 10 ans d’ancienneté, j’en ai lu quelques-uns 🙂 !)

J’espère que cet article vous aura plu, n’hésitez pas à me laisser des commentaires, et je vous dis à très bientôt pour la suite !

Anne

Publié par AnneB

Illustratrice, scribe, mais aussi musicienne, formatrice et auteure... Free-lance, je suis ouverte à toute proposition de collaboration, rencontrons-nous !

2 commentaires sur « Profession free-lance, épisode 1 »

  1. Rien que pour l’information sur le livre de Julien Moyà, merci !!

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