Construire sa carrière créative, épisode 5 : Confronter un projet au monde réel, partie 1/2.

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Bonjour à toutes et tous ! J’espère que vous allez bien, et je suis ravie de vous retrouver pour ce nouvel article de la série “Construire sa carrière créative” ! Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet qui fait souvent peur : confronter son travail aux yeux des autres. Nous allons voir pourquoi c’est effrayant, mais indispensable, et quels sont les bénéfices à retirer d’un projet mené de A à Z.

C’est parti !

1- Exposer sa création… pourquoi cela peut effrayer :

Alors, je ne sais pas pour vous, mais me concernant, j’ai mis des années à oser montrer mes dessins… Oui, cela peut sembler étrange à lire, venant de la part d’une “scribe” qui s’est retrouvée à vidéo-projeter des dessins en live, devant des centaines de personnes, lors d’assemblées générales, pas vrai ?

En fait, mon blocage, à la base, résidait dans le fait de montrer mes dessins “personnels”. J’avais l’impression que mes dessins parlaient de moi, mieux que ne l’aurait fait un livre ouvert… J’y livrais ma sensibilité, ma candeur et mon imagination au monde, et j’avais peur que les retours négatifs, ou moqueurs, sur mon travail personnel (pas sur mon travail de commande, dont je me détachais davantage, émotionnellement)… ne m’atteignent en plein coeur.

Il aura fallu tout l’amour de la personne qui m’accompagne dans la vie, pour que je prenne conscience, petit à petit, que mon travail personnel pouvait intéresser d’autres personnes. Et ce fut réellement le cas ! C’est ce qui m’a permis, entre autre, de publier deux albums de BD chez un petit éditeur, et de finaliser une campagne Ulule avec succès ( je vous en reparle plus bas).

Certes, la crainte de recevoir des commentaires déplaisants ou déplacés sur votre travail est réelle, est souvent justifiée (on ne peut pas, et on ne doit pas, plaire à tout le monde, c’est normal ! ), mais sachez que :

-chaque commentaire positif pèsera X 100 dans la balance par rapports aux négatifs (vous pouvez même recopier les plus gentils sur des post-its et vous faire un “mur de pensées boostantes” !),

-vous vous “blinderez” avec le temps et l’expérience, et apprendrez à conserver votre cap dans la tempête,

-et les bénéfices, personnels et professionnels, que vous retirerez d’avoir mené un projet à son terme, seront innombrables !

2- De quels projets parle-t-on ?

Avant d’aller plus loin dans cet article, je pense qu’il convient de définir ce que j’entends par “projet”.

J’écarte déjà, de cette définition, tous les “concours” ou appels à projets de plateformes de mise en concurrence tels Fiverr, 5euros.com ou autres. La raison en est triple : d’une part, cela s’apparente à du travail gratuit (et je suis absolument contre ces pratiques qui desservent notre métier), d’autre part, il s’agit d’un projet où vous allez travailler à partir d’éléments fournis par votre “potentiel” client (charte graphique, logos, images, typos, etc.), pour lesquels vous risquez de ne pas obtenir l’autorisation de diffuser votre travail sur votre portfolio. Enfin, ce ne sera pas un projet “personnel” qui parlera de vous et de vos buts personnels, à vos clients idéaux, votre coeur de cible.

Nous traversons actuellement une époque ou le “réel”, même imparfait, compte davantage que la “potentialité”. Vous pouvez être convaincu de votre capacité à réaliser un album jeunesse, un morceau de musique ou un film d’animation… mais si vous n’avez rien de “tangible” à montrer à un scénariste, un studio d’enregistrement ou un client potentiel, vos chances de convaincre votre interlocuteur de vos compétences sont minces. C’est tout l’intérêt d’avoir un portfolio, mais plus encore, d’avoir un projet pensé de A à Z à montrer, même si celui-ci n’est ni professionnel ni parfait.

De nombreux auteurs dans le marketing, l’entrepreneuriat et l’agilité ont théorisé cela sous l’appellation du “Produit minimum viable” : un test sur le marché, grandeur nature, d’un prototype fonctionnel de produit. À ce sujet, je vous conseille la lecture du manuel Le Contenu Minimum Viable de Bertrand Soulier, auteur français qui se présente comme un ancien introverti, et qui est aujourd’hui bloggeur, podcasteur et coach web, suivi par des milliers de personnes…. Cela fait réfléchir à l’importance d’oser créer et de se lancer, n’est-ce pas ? 🙂

De quels projets parle-t-on, alors ? Je les appelle des “side-projects”, des projets “à côté”, au sens large. Cela peut être un projet créatif, compris dans votre stratégie globale (créer et diffuser un webcomics pour toucher des éditeurs de BD “classiques”, une musique pour toucher votre futur public, une chaîne youtube ou un podcast pour parler de votre travail… ), un projet collectif (une exposition, une participation…), un projet-passion… bref, dans tous les cas, un projet réel, que vous allez mener à terme dans un temps imparti ( relire l’article 4 : Se fixer des objectifs) et que vous allez confronter au monde ( réel ou en ligne). Idéalement, ce projet sera orienté afin de toucher votre cible rêvée, les clients avec lesquels vous adoreriez travailler.

3-Montrer son travail

Aujourd’hui, face à la masse d’informations et de propositions commerciales disponibles, nous devenons de plus en plus sceptiques avant de nous engager dans une collaboration ou un acte d’achat. Nous regardons les avis des clients précédents, les notes de tel ou tel site, les retours d’utilisateurs et les missions précédemment réalisées…. avant de nous faire une idée du produit ou service que nous allons acheter. En plus de tout cela, nous préférons découvrir les informations de manière “organique”, plutôt que de nous sentir orientés dans nos choix.

Dans ces conditions, afin d’être visible et de remplir son rôle, un projet créatif devra être pensé à l’inverse d’un projet de commande :

-lors d’un projet de commande, nous partons de la demande d’un client afin de fournir un résultat,

-Pour un projet créatif, nous partons de notre envie profonde pour réaliser un produit fini (peinture, expo photo, livre illustré, vidéo, BD, peu importe), que nous diffusons sur les endroits stratégiques que nous pensons que notre “cible” fréquente.

Ces endroits stratégiques peuvent être nombreux. Austin Kleon, dans son livreMontrez votre travail”, insiste sur la nécessité de montrer les coulisses de notre créativité et s’appuie sur le réseau Instagram. Mais de nombreuses autres portes d’entrées existent, à sélectionner selon votre cible idéale : forums, plates-formes ou blogs spécialisés, réseaux sociaux (identifiez votre public : vous ne touchez pas les mêmes personnes en publiant sur Instagram, Twitter ou TikTok ! Voici un article qui traite du sujet des réseaux sociaux et de leur public, mais en farfouillant vous en trouverez plein d’autres). Dans le monde “réel”, il peut s’agir d’exposer dans des salons, des médiathèques, des bars ou restaurants (oui, ils rouvriront bien un jour… gardons espoir !), les possibilités sont nombreuses.

Je prendrais le temps de rédiger un article complet sur ma courte expérience d’auteure de BD éditée, qui a commencé par la diffusion de planches sur la plate-forme Webcomics.fr (aujourd’hui inactive), jusqu’à dédicacer des albums édités sur des salons de BD auprès d’artistes reconnus, avec une campagne Ulule financée à 100% pour la sortie de mon 2e album. Aujourd’hui, grâce à tout ce que cela m’a appris en terme de dessin numérique, de narration et de maîtrise logicielle, je réalise des portraits en BD pour le CNRS… Sacré chemin parcouru, et peut-être que cela n’aurait jamais eu lieu si je n’avais pas, un beau jour, dessiné les premières planches de mon histoire et cliqué sur le bouton “publier” de cette plate-forme…

Capture d’écran de ma campagne Ulule, en 2015…

4- Quels bénéfices retirer d’un “side-project” ?

Dans un premier temps, votre side-project ne sera pas forcément rentable. C’est même rarement le cas, et c’est tant mieux, puisqu’une des idées derrière le side-project est de vous libérer des contraintes de rentabilité que vous retrouvez dans vos travaux de commande. Un side-project sera donc souvent conduit en parallèle de votre travail rémunéré, sur votre temps libre, et il vous faudra faire preuve d’une une réelle auto-détermination pour arriver à le conduire à terme. Mais, outre les retours financiers (qui peuvent arriver à postériori), conduire, diffuser et faire vivre un projet de A à Z vous apporte de nombreux bénéfices.

Cela :

-booste votre confiance en vous, et c’est une raison déjà suffisamment importante pour justifier à elle seule l’exercice !

-vous fait connaître du public, ou en tout cas d’un certain public, celui que vous souhaitez toucher, et peut même vous amener à fédérer une petite communauté autour de votre travail,

– vous permet d’obtenir des retours encourageants sur votre travail. Vous savez qu’on vous suit, vous ne voulez pas décevoir ces personnes et vous donnez le meilleur de vous-même, créant un cercle vertueux.

-prouve à vos futurs clients de quoi vous êtes capable,

-vous amène à travailler d’autres techniques, à mettre en place une organisation de travail différente ( pour être efficace sur votre temps libre), etc.

-alimente votre portfolio, et vous permettra peut-être de diffuser ce travail sur différents supports ( écrire un blog sur cette création, documenter votre travail, etc.).

Alors, ne perdez plus de temps. Imaginez dès aujourd’hui que l’on vous contacte pour travailler sur le projet de vos rêves, et lancez-vous. Aménagez-vous un temps consacré exclusivement à l’avancée de votre side-project ( 1h par jour, ou une journée par semaine, par exemple), documentez votre avancée, et fixez-vous une date de livraison, contrainte essentielle pour terminer votre projet.

Pour conclure cette première partie :

Vous l’aurez compris, je crois foncièrement en l’idée que développer un “side-project” peut vous ouvrir de nombreuses portes, vous aider à vous faire connaître, et vous amener (ou consolider) de nombreuses compétences.

Cela dit, en dehors du plaisir lié à la liberté totale de création que vous offre le side-project, l’idéal est encore qu’il s’insère dans une stratégie globale concernant l’évolution de votre carrière créative. Quoi de mieux que de se faire plaisir, tout en acquérant des compétences utiles à son travail et en développant un réseau de fans ? 🙂

Nous verrons donc dans le prochain épisode ( le 2/2) quels sont les 4 leviers à actionner pour en retirer les meilleurs résultats !

D’ici là, commencez à réfléchir à votre side-project, et… mettez-vous en route !

Anne

Bonus de fin d’article, pour les plus curieux d’entre vous : le premier chapitre de ma BD “Le signal des essaims”, réalisé sous Flash, à l’époque ( 2014, je crois), en noir et blanc et au format vertical pour une lecture en scrolling sur écran. L’histoire ? Un mix animalier de science-fiction entre Asimov et Simack, avec des personnages un peu borderline (un rat- La guêpe- qui communique avec des insectes sociaux, un espion nul mais attachant, des robots un peu trop humains, etc.), et déjà un goût certain pour l’écriture des dialogues ( l’alitération de la “belle bande de barbares belliqueux” qui évoque le bredouillement du chef me fait toujours sourire… ha ha ha, oui c’est de l’humour de littéraire, on est d’accord !).

À un moment, chaque mise à jour d’un nouveau chapitre avoisinait les 500 visites/jour, et j’ai même eu droit à une interview sur le site CultureBD, excusez du peu 😉 ! Ce projet reste inachevé, par manque de temps ( 2 tomes réalisés sur une trilogie initiale), mais cette expérience aura tout de même été marquante, et formatrice, dans mon parcours.

Publié par AnneB

Illustratrice, scribe, mais aussi musicienne, formatrice et auteure... Free-lance, je suis ouverte à toute proposition de collaboration, rencontrons-nous !

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