Que veut dire “Entreprendre dans sa passion ” ? 4 notions clés pour tout comprendre !

teal and black squeegee

Bonjour !

Récemment, j’ai reçu une question de la part d’un des lecteurs de ce site :

“Bonjour, je suis dessinateur et je tente de vivre de ce métier, j’aimerai savoir si vous auriez des conseils à me donner (mis à part de poster son travail sur les réseaux sociaux), qu’est ce que veut dire exactement entreprendre ?
j’ai beau chercher à comprendre ce terme, je n’ai toujours pas trouvé de réponses…

merci beaucoup,
à bientôt.” M.M

Cher M.M, je n’ai pas réussi à te répondre, ta boîte mail ayant refusé d’accepter mon message… mais du coup cela me donne l’occasion d’écrire un nouvel article, pour répondre publiquement à cette question, que tu n’es sans doute pas le seul à poser 😉 !

Cela dit, ayant déjà rédigé plus d’une trentaine d’articles de fond sur le sujet, en lecture gratuite, je ne ferais que brosser les grandes lignes de ce qu’est l’entrepreuneurait créatif, de mon point de vue.

1-Entreprendre, c’est vendre. Point.

hand holding fan of us dollar bills
Shut up and take my money !!

Enfin, non, pas que… mais je trouvais que ça faisait une chouette punchline 🙂 !

Pas de mystère ici : on passe de “dessinateur.trice amateur” qui gribouille dans sa chambre ou durant ses études, à dessinateur ou dessinatrice pro en devenir, dès lors que l’on décide de franchir le pas de vendre ses premiers dessins.

Cela peut commencer tôt ( j’ai vendu mes premiers dessins à l’école primaire, en faisant des cartes de voeux pour mes copains !), ou plus tard, à l’adolescence ( en vendant un premier dessin en tant que commande, par exemple), et vous vous rendez subitement compte que votre art peut valoir quelque chose, qu’il a une “valeur” marchande au yeux des autres.

Si cette sensation vous grise ( et oui, il est possible de vivre du dessin !!), alors lancez-vous ! Mais attention, pas n’importe comment !

La première des étapes est de vous trouver un statut pour vendre votre art ( Micro-entreprise, CAE scop, etc.) et pour déclarer vos revenus ( c’est une obligation légale), j’en parle ici).

Alors, oui, je sais… les mots “clients”, “produit”, “rentabilité”, “Chiffre d’affaires”… vous donnent sans doute des boutons, et c’était le cas pour moi aussi, je vous rassure ! Je ne suis pas née avec un exemplaire du Mercator dans les bras, et si j’ai choisis un Bac L options Arts Plastiques, puis une école de Dessins Animés ( EMCA à Angoulême), c’est sans doute parce que j’étais une grand rêveuse romantique bercée aux Disneys et aux Miyazakis… mais, par pitié, faites l’effort de vous intéresser au marketing, ou d’autres se débrouilleront toujours pour vivre de votre travail créatif.

Oui, vous savez, les intermédiaires, entre vous et vos clients… Cela peut être un studio de graphisme, un collègue qui sous-traite avec vous, une plate-forme de mise en relation, etc. Soyez, dans la mesure du possible, la personne avec qui votre client traitera en direct !

Et pour cela, pas de mystère non plus, vous allez devoir apprendre à vendre ( relisez mes articles sur la relation client, le tarif ou les devis, c’est par ici !), et mettre de côté votre “Syndrome de l’Imposteur”.

2- Se déployer au travers de son activité

person lying on an ugly couch holding a small box
Créer booste la confiance en soi

Souvent, lorsque l’on se lance, à l’excitation des débuts se joint également un doute, immense, terrible… que de nombreux créatifs et freelances expérimentent. Il s’agit du fameux Syndrome de l’Imposteur, une voix intérieure qui nous fait douter de notre propre légitimité : “Après tout, qui suis-je pour me prétendre artiste ? Ils (les clients) vont bien voir que je débute/ que je ne sais pas de quoi je parle/ que je ne viens pas de tel milieu, etc”… Ce syndrome est très répandu parmi les freelances qui débutent, et toucherait, à priori, davantage les femmes, plus promptes à douter d’elles… Ne pensez pas être la seule dans ce cas, sachez détecter cette petite voix qui distille ses croyances limitantes et faites-la taire ! Lisez et documentez-vous sur ce Syndrome (une page Wikipédia lui est même dédiée), et adoptez l’attitude ” Fake it until you make it” des Américains ( “Fais semblant jusqu’à ce que tu le deviennes”) 🙂 ! C’est exactement le mantra que je me suis répété en boucle, lorsque j’ai commencé à intervenir comme facilitatrice graphique dans de grandes compagnies du CAC40, moi, la petite main des studios d’animation… qui est désormais reconnue dans mon travail de freelance par mes clients et pairs 😉 !

Je suis intimement persuadée qu’en tant qu’entrepreneur créatif, notre développement personnel est profondément intriqué avec notre développement professionnel. C’est pour cela que, lors de mes séances de coaching, je pars d’abord du personnel pour arriver sur le professionnel. On croit souvent, à tort, que ce qui nous bloque dans notre activité, c’est de ne pas savoir où trouver de clients, ni comment fixer ses tarifs… mais bien souvent cela provient d’un blocage personnel sur son rapport au conflit, à l’argent, à s’exposer ou à se mettre en avant… détecter ces blocages et travailler dessus est un levier essentiel pour le développement de votre activité.

Plus vous allez prendre confiance en vous et en vos compétences, plus vous travaillerez vite et mieux, et plus cher vous vendrez vos oeuvres ou prestations de services. De même, un travail très bien rémunéré boostera votre estime ( “Woaw, je peux vraiment être payé autant pour dessiner ?!”), vous entraînant dans une spirale vertueuse, bonne pour votre moral et votre chiffre d’affaires 🙂 !

3- Faut-il plutôt être généraliste ou spécialiste ? Et vendre des produits, ou des prestations ?

brown wooden human figure on white textile
Plusieurs écoles de pensées à ce sujet… Mais je peux toujours parler de mon expérience !

J’ai déjà traité ces questions à travers la série d’articles “Construire sa carrière créative”, mais revenons rapidement sur ces deux points :

-Généraliste VS spécialiste :

Lors de nos études, on nous demande toujours de choisir une spécialité, de travailler son style, de produire quelque chose d’unique, de se “démarquer des autres”… C’est très bien, mais à l’ère des réseaux sociaux, où chacun peut poster son travail et voir ce que les artistes du monde entier produisent, on constate que cette quête de la spécialisation a; à minima, deux effets pervers :

-1-Vous allez devoir travailler sans cesse pour essayer de vous maintenir dans le top de votre spécialité, et vous trouverez TOUJOURS meilleur que vous ( ou plus jeune, ou moins cher, plus à l’aise sur un médium en particulier, etc.). C’est une quête sans fin.

-2-À trop regarder la concurrence, vous risquez de vous dévaluer, de dévaluer votre travail et votre production, voir de connaître un “art-block” … oui, ce fameux moment où vous n’arrivez plus à produire quoi que ce soit, car tous les autres vous semblent faire mieux que vous… Si vous vivez cela, un conseil : débranchez votre internet, sortez, promenez-vous, discutez et faites une autre pratique manuelle ( cuisine, musique…) pour vous changer les idées !

Dans un monde complexe et changeant comme le nôtre, vouloir à tout prix se spécialiser dans une seule catégorie revient à mettre tous ses oeufs dans le même panier, et à limiter ses chances de reconversion et d’évolution.

Alors, mieux vaut être généraliste ? Pas vraiment, non plus… Cela peut s’avérer une bonne option, lorsque l’on débute en freelance (on ratisse large et on ne se ferme aucune porte), mais cette position ne permet pas d’élever ses tarifs (on est facilement interchangeable), et rend difficile l’accomplissement de tâches complexes, nécessitant une expertise plus profonde que le “couteau-suisse” que vous êtes ne pourra apporter…

L’idéal, de mon point de vue ? Commencer en tant que généraliste la première année, par exemple, pour tester de nombreux projets rapidement ( BD, illustration, retouches photos, ateliers, cours, etc.), puis choisir, pour votre seconde année, les 3 activités qui vous plaisent le plus et sont les plus rentables, et y développer une certaine expertise ( je parle de tout cela, la méthode d’analyse et les outils, dans mon manuel sur la méthode 80/20).

Vous devenez ainsi un freelance représentant un mélange de compétences unique ( pour moi, ce fut de me focaliser sur la BD, les films d’animation et les synthèses graphiques pour faire passer un message complexe de manière simple et ludique). Par la suite, la synthèse graphique se révéla être bien plus fun, rapide et rentable que toutes mes autres activités. Mais, comme je n’arrive pas à me contenter de ne faire qu’une seule chose, je me suis également formée au coaching et j’écris des articles/newsletters/ manuels techniques.

-Produits VS Prestation :

Alors, ici, je dirais que les deux sont complémentaires.

D’une manière générale, en dessin, les prestations vont souvent regrouper : les commandes (en direct ou en sous-traitance), les ateliers, les cours, le conseil, la formation, le dessin en live, etc. Les prestations sont souvent du BtoB (pour Business (vous) to Business (votre client, qu’il s’agisse d’un client privé ou public)), et plus rarement du BtoC, ( sauf pour des cours particuliers, par exemple).

Les produits regroupent plus largement ce que vous pouvez vendre en BtoC ( pour Business (vous) to Customer (votre client, qui achète directement). Ces produits peuvent être physiques (albums, peintures, posters, stickers, etc.) ou numériques (PDF à imprimer, tutoriel en vidéo, etc.)

Bien sûr, encore une fois, vous n’aurez ni le temps ni l’énergie de tout faire, et il vous faudra choisir une dominante. Dans mon activité, par exemple, je me suis largement focalisée sur les prestations auprès de clients dans la recherche ou l’enseignement (BtoB auprès d’organismes publics). Mais je vends également des produits ( livres et ebooks) auprès de particuliers ( en BtoC). Lisez mon article sur la vente des Sous-Produits, et celui sur la vente des dessins, pour en apprendre davantage sur la diversification de vos revenus 🙂 !

4-Penser CLIENT FIRST !

freelancer working on laptop with photos on screen at home
Au-delà de la qualité technique de votre prestation, le service envers votre client doit être au centre de votre attention.

Qu’il s’agisse de prestation ou de produit, tâchez toujours de viser la satisfaction de votre client. Un client ravi est un client qui peut revenir vous acheter un service ou un produit ( vous évitant ainsi un long et fatiguant travail de prospection), et vos clients restent vos meilleurs ambassadeurs ( le bouche à oreille fonctionne toujours, même dans le free-lancing ).

Certains créatifs sont dans une démarche artistique personnelle, consistant à produire des séries et à les exposer, afin d’espérer en vendre suffisamment, pour se rémunérer sur le temps passé et se libérer du temps pour les prochaines séries. Je connais un peintre qui fonctionne de cette manière, passant son année à produire des séries de tableaux et les exposant ensuite dans des galeries, lors de concours, salons, sur internet, etc. La vente d’un seul tableau lui rapportant au minimum 8000€, il doit viser à minima la vente de 5 à 10 tableaux par an pour vivre de son activité, ce qui est tout à fait envisageable. Cependant, même lorsque son travail semble procéder avant tout d’une démarche personnelle, il accompagne et soigne ses clients, en livrant en main propre ses toiles, en les signant avec un certificat d’authenticité, en sélectionnant avec eux la meilleure pièce et le meilleur éclairage pour positionner la toile chez eux, etc. Ses clients ne s’achètent pas seulement une toile, ils s’achètent un moment d’exception, une expérience luxueuse, et potentiellement un investissement sur le long terme. Même une démarche artistique personnelle peut placer l’expérience client au centre, et c’est à mon avis la seule manière de perdurer.

De mon côté, j’ai choisis une approche différente de celle de mon ami peintre. Au lieu de créer de nombreuses toiles et d’espérer ensuite que certaines d’entre elles se vendent, je démarche directement des clients pour leur proposer mes prestations en dessin. J’identifie leur besoin (dessiner un storyboard pour illustrer une expérience client, illustrer le résumé d’une conférence ou d’ateliers, etc.) puis je réalise la prestation. Je facture non seulement le temps de réalisation de mon travail, mais également toute l’expertise que j’apporte dans la résolution graphique de leur problématique. Je dis souvent, en plaisantant, que je suis une illustratrice qui n’a aucun dessin à exposer ! Et pour cause, toutes mes réalisations sont des commandes, que je ne peux pas tout le temps rendre publiques ( elles comportent des données internes de mes clients, des informations privées, etc.).

Que vous ayez décidé de vendre votre art, ou de mettre vos crayons au service de vos clients, gardez en tête que c’est l’expérience vécue par votre client qui le fera revenir ( respect des délais, professionnalisme, soin apporté au travail et à la relation, politesse, geste commercial, etc.).

Enfin, communiquez sur ce que vous faites.

Dans sa question, M.M parle de poster ses créations sur les réseaux sociaux. C’est très bien, mais cela doit faire partie, à mon avis, d’une stratégie plus globale. Par exemple, quel est le but de montrer des créations sur les réseaux ? Quel réseau privilégier ? Et une fois que l’on est suivi par des fans, où les amène-t-on ? Faut-il rechercher des fans, des clients, des mécènes ? Est-ce que mon portfolio en ligne est créé, et qui est-ce que je cible avec mes travaux présentés ? Et pourquoi ne pas mettre une partie boutique sur ce site pour vendre des créations, etc. ? En fait, communiquer sur ce que l’on fait est très important, certes, mais comme toute action de communication elle doit être réfléchie dans une optique plus globale, une optique de développement d”activité.

Voilà, il y aurait encore tant à dire, cet article ne faisant qu’effleurer tous ces sujets ! Je vous invite à relire tous les articles précédemment écrits, et à télécharger votre pack de PDF entrepreneurs créatifs (ci-dessous) afin d’y voir plus clair dans l’évolution de votre activité 😉 !

Enfin, je vous rappelle que j’ai rouvert des créneaux d’accompagnement personnalisés. En quelques séances, je peux vous aider à débloquer vos principaux freins et à doubler votre chiffre d’affaires. N’hésitez pas à me contacter pour en discuter !

Bonne route créative à toutes et tous, et à bientôt !

Anne

Publié par AnneB

Illustratrice, scribe, mais aussi musicienne, formatrice et auteure... Free-lance, je suis ouverte à toute proposition de collaboration, rencontrons-nous !

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