Freelancing et maladie : comment se protéger en cas de coup dur ? 3 leçons tirées de mon expérience récente…

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J’ai longtemps hésité avant d’écrire cet article… Pourquoi ? Parce que mon blog est un espace public, et que je suis plutôt du genre à penser que tout ce qui touche à la maladie relève plutôt du domaine de l’intime, du privé… Et pourtant, j’apprécie toujours de lire des témoignages d’autres personnes sur des sujets qui me touchent, alors… Pour une fois, je mets de côté ma pudeur, et je vais tâcher de vous faire un retour sur mon expérience de freelance en arrêt maladie longue durée.

Lorsque l’on travaille à son compte, notre corps, notre santé et notre mental sont aussi nos outils de travail. J’avais déjà esquissé cet aspect lors d’une précédente newsletter, où j’abordais l’impact que pouvaient avoir les chocs émotionnels que nous traversons (ruptures amoureuses, décès, déménagements, etc.), sur notre moral et notre capacité à travailler, d’autant plus dans des métiers créatifs. Ici, je me consacrerais plus particulièrement à l’aspect de la maladie, celle qui vous tombe dessus sans crier gare, et vous oblige à cesser votre activité pour vous consacrer à votre rétablissement. Cela peut être un coup dur de la vie (un accident), un burn-out, ou, en ce qui me concerne, une affection de longue durée, mon cancer du sein.

Leçon n°1 : être honnête avec ses clients.

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Réglez vos affaires sereinement avant votre arrêt maladie…

Alors, bon, je ne me pensais pas vraiment à risque : je suis relativement jeune (40 printemps, oui, c’est jeune, aucun commentaire 🙂 ! ), pas fumeuse ni fêtarde, et j’estimais avoir mis en place une hygiène de vie correcte ( manger du “fait-maison”, me lever tôt, marcher au moins une heure tous les jours…), mais en février dernier, à l’occasion d’une simple mammographie de contrôle, le diagnostic tombe : j’ai un carcinome canalaire infiltrant dans le sein gauche. Des examens complémentaires dévoileront une deuxième tumeur dans le même sein, et mon ganglion sentinelle est atteint. En quelques jours, je passe de “bien portante” (je ne ressentais absolument aucune gêne ni douleur), à malade, en arrêt maladie longue durée. On m’annonce le planning de mes prochains mois : macro-biopsie, IRM, chirurgie, Tep-scan, chimiothérapie, radiothérapie et hormonothérapie, et j’en oublie… Et surtout, je dois cesser mon activité. Moi qui avait démarré mon année 2022 sur des chapeaux de roues, avec quasiment 1/3 de mon CA annuel réalisé en deux mois, je dois tout arrêter, et expliquer à mes clients que je vais devoir cesser mes prestations (illustrations, formations, prestations en faciltation graphique) pour un temps indéterminé… Surtout, le plus douloureux pour moi, est de devoir arrêter mes prestations de coaching. Je coachais une demi-douzaines de personnes désireuses de se lancer dans la facilitation graphique à temps plein et d’en vivre, toutes à fond dans leur projet et pleines d’énergie. Je me dois d’être honnête avec elles, et de leur dire que je dois concentrer mon énergie à ma guérison, sans pouvoir davantage les accompagner. Elles seront toutes très compréhensives, comme le furent tous mes clients.

Alors, voici ce que j’en retire : vous avez des humains en face de vous, et, bien que vous soyez engagés dans une relation professionnelle, n’hésitez pas à parler de vos soucis de santé, qui pourraient impacter votre travail. Qu’il s’agisse d’un passage à vide, d’une dépression, ou d’un arrêt maladie, proposez à vos clients des solutions alternatives : dirigez-les vers un collègue apte à reprendre votre travail, demandez un aménagement du planning ou un report de dates de la prestation, etc. Le dialogue reste la clé !

Leçon n°2 : avoir choisi un statut protecteur

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Avoir opté, en amont, pour un statut protecteur, vous soulage de la charge mentale liée à votre baisse de revenus et votre prise en charge

Je vous en ai déjà parlé, à l’occasion de mon article sur le choix du statut : j’ai choisi d’héberger mon activité freelance, depuis dix ans, au sein d’une CAE-SCOP. Ce système fonctionne globalement comme une société de portage : je cotise à hauteur de 10% de mon CA aux frais de fonctionnement de la coopérative, et j’ai un statut d’entrepreneure-salariée (je suis en CDI chez eux, et mon chiffre d’affaires est lissé sur 12 mois pour me générer un salaire mensuel). En gros, ce système représente, pour moi, les avantages du salariat, sans la subordination. Pour en apprendre davantage sur le statut des CAE-SCOP, et leur impact sociétal en tant qu’entreprises relevant de l’Economie Sociale et Solidaire, vous pouvez consulter ce site : https://www.les-scop.coop/les-cae

Ce statut me convient à plus d’un titre : outre le fait qu’être en CDI peut me permettre de rassurer mon banquier (:) !) , participer à la vie d’une coopérative m’a fait rencontrer de belles personnes et m’a procuré des opportunités de travail (heures de formations, partenariats, etc.). Lors de la crise du Covid, le statut d’entrepreneur-salarié s’est montré particulièrement protecteur, car notre entreprise de plus de 200 salariés a pu bénéficier de l’activité partielle, soit la prise en charge d’une partie de la perte de notre chiffre d’affaires, liée à la crise sanitaire. De nombreux collègues, autour de moi, affiliés à la Maison des Artistes ou déclarés en Micro-entreprise, n’ont pas eu cette chance et ont subi de plein fouet une baisse de leurs revenus.

Enfin, mon statut d’assimilé-salariée me procure une vraie sécurité en cas de maladie longue durée, comme c’est actuellement mon cas. Je suis en arrêt depuis mars 2022, et lors de mes premiers mois d’arrêt, je continuais de recevoir un versement de la coopérative (mon “employeur”), basé sur les indemnités journalières de la CPAM. À présent que mon arrêt a dépassé les 90 jours, je reçois directement mes indemnités journalières (un versement de la CPAM tous les quinze jours), et je vais recevoir également un versement de la part de ma complémentaire santé. Au final, je continue de percevoir un certain pourcentage de mon salaire, je suis toujours en CDI, et ma coopérative a provisionné deux mois de salaires à temps plein sur mon compte, afin que je ne reparte pas avec une trésorerie à zéro lorsque je reprendrais mon activité. Je me sens épaulée et en sécurité, et mine de rien, cela fait du bien au moral, de ne pas devoir s’inquiéter pour son activité. Cela me permet de me focaliser sur ma santé et mes traitements, et me libère d’une certaine charge mentale.

Bien sûr, il existe plein d’autres manières de s’assurer lorsque vous êtes freelance, quel que soit votre statut, et moyennant une cotisation plus ou moins élevée auprès d’organismes privés. Je vous invite à vous renseigner et à ne surtout pas négliger cet aspect, vous protéger et protéger votre famille est primordial.

Leçon n°3 : Avoir diversifié ses revenus (ou profiter de ce temps d’arrêt pour y réfléchir, il n’est jamais trop tard)

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La sagesse populaire suggère de ne pas tous les mettre dans le même panier 😉 !

Si vous êtes comme moi, il se peut que vous ayez du mal à être en “arrêt” complet. Ce que je veux dire, c’est que nous sommes des créateurs, des entrepreneurs, avec un cerveau souvent bouillonnant d’idées, et qu’il est difficile d’un seul coup de se mettre en mode “off”. Certes, la maladie va vous fatiguer, et il se peut même que vous soyez démoralisé, mais si cet arrêt dure plusieurs mois, vous aurez peut-être des moments où vous vous sentirez plus en forme. De mon côté, il m’a fallu à peu près deux mois pour reprendre un peu le dessus, entre l’annonce du cancer en mars, mon opération en avril et le début de ma chimio en juin. Dès que les douleurs consécutives à mon opération ont commencé à s’estomper, j’ai repris ma marche quotidienne, et la musique. Je m’astreignait à deux heures de pratique musicale par jour ( je commence à jouer du Bach sur mon nyckelharpa, c’est une petite fierté ! ), de la lecture, sur tout un tas de sujets ( finance, cryptomonnaies, Intelligence Artificielle, écriture, créativité, coaching…), et beaucoup d’écriture.

Je me suis, de fait, trouvé une vraie passion pour l’écriture ! Et cela a été renforcé, sans doute, par le fait que durant cette période d’arrêt, je continuais à percevoir, tous les mois, mes royalties de ventes de PDF, d’ebooks et de livres brochés. Outre le complément de revenus que cela représente, avoir une partie de mon activité qui tourne sans que j’ai besoin de m’en occuper, m’a fait prendre conscience de l’importance des systèmes et de l’automatisation.


Tant que je suis freelance, et bien que je fasse un travail épanouissant avec des horaires flexibles, mon activité reste liée à mon état de santé. Avoir mis en place une boutique de vente de PDF sur mon site, et un espace KDP sur Amazon, m’a permis de prendre conscience de l’importance de la diversification de mes revenus. Or, je connais peu de freelances qui réfléchissent, ou travaillent, à développer cet aspect de leur activité. Certes, il n’est jamais amusant d’imaginer que tout peut basculer d’un jour à l’autre, mais si vous laissez peser tout le poids de votre source de revenus sur votre santé, vous prenez un risque réel… J’en suis très consciente, à présent !

Mes petits livres et PDF, d’environ 100, 150 pages chacun, ont généré à eux seuls, plus de 12 000€ de ventes absolument passives. Je vous invite à relire mon article sur la diversification de vos sources de revenus pour vous rendre compte que tout créateur crée des sous-produits, et que vous pouvez, vous aussi, trouver des sources de revenus complémentaires liées à votre activité principale. De mon côté, je profite de mon temps d’arrêt maladie pour mettre en place un second site, qui sera dédié plus spécifiquement à l’écriture de non-fiction (livres professionnels, manuels techniques, etc.), en auto-édition… Je vous en parlerais bientôt plus en détails, pour l’instant c’est encore du “work in progress” 🙂 !

Pour en savoir davantage sur les sous-produits, la diversification de votre activité, ou encore l’analyse de votre rentabilité, n’oubliez pas que j’ai compilé un pack de PDF spécial “entrepreneur créatif” pour vous accompagner dans vos réflexions, à retrouver sur ma boutique :

Ceci est l’ancien visuel, ce pack contient désormais 5 PDF !

Pour conclure cet article, et comme j’en discutais avec des ami.e.s entrepreneurs, freelances ou chefs d’entreprise… Même si c’est dur, même si l’on a du mal à accepter la maladie, qu’elle soit mentale ou physique, ne rajoutez pas du stress au stress… Laissez-vous ce temps de pause, ça arrive à tout le monde (nous sommes des humains, pas des robots ! ), et c’est OK de ne pas toujours être actif, ou compétent, ou disponible pour les autres. Chacun vit ce temps de la manière qui lui est propre, et il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire face à la maladie.

Si mon témoignage a pu vous être utile, ou si vous souhaitez apporter des outils ou des pistes de réflexion à cet article, de quelque façon que ce soit, n’hésitez pas à le commenter, je réponds à tous les messages que je reçois 😉 !

Voilà, prenez bien soin de votre santé ( physique et mentale), et je vous dis à très bientôt pour un prochain article 😉 !

À bientôt !

Anne

PS : Si vous souhaitez approfondir le sujet, Alexandre Dana, le CEO de LiveMentor, a sorti récemment un livre sur la santé mentale des entrepreneur.e.s, sujet encore récent et peu traité dans la littérature francophone : “Entreprendre et surtout être heureux”, A. Dana, éditions Eyrolles (lien affilié).

Publié par AnneB

Illustratrice, scribe, mais aussi musicienne, formatrice et auteure... Free-lance, je suis ouverte à toute proposition de collaboration, rencontrons-nous !

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